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Auteur |
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Francois
Inscrit le: 11 Avr 2006 Messages: 6 Localisation: Sophia Antipolis
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Posté le: Mar 11 Avr 2006, 15:15 Sujet du message: La Rixme: Eurêka !! |
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Acte 7, planches 2 et 3: la joute poétique, la "rixme", entre Armand de Maupertuis et Adynaton d'Hyperbolie.
Ce duel reprend un affrontement courtois, tel qu'il était pratiqué dans les cercles et les châteaux - on assiste à une joute de ce type dans le film "Ridicule". D'autre part, physiquement l'adversaire d'Armand ressemble au rappeur Akenathon, dont il reprend presque le nom. C'est un hommage à ces compositeurs qui ont ressucité à notre époque les vertus combatives de l'alexandrin, de son rythme, de ses phrasés profonds.
Outre le magnifique exercice de composition, deux détails m'avaient interpelé. D'une part, il y a la structure de la joute avec le passage dans lequel Armand se trouve en passe de perdre. Enfin, il y a ce mot étrange "iotarcique est mon style"...
Premier sang ou dernier mot ? Le duel de poètes est fondé sur le principe de la reprise: les adversaires se répondent par couples d'alexandrins. La seule obligation est de démarrer sa réplique en utilisant la dernière rime de l'adversaire. On voit donc que la tactique dans ces joutes était de parvenir à imposer à l'adversaire une reprise impossible, afin de lui prendre son tour, et d'avoir "le dernier mot".
On a ainsi:
"je vaincs sans coup férir / Fais rire le parterre" - première reprise Armand -> Adynaton
"toussant la consonne / Qu'on sonne le tocsin" - première reprise Adynaton -> Armand
"ton bagout d'indigent / Dix gens de ta farine" - deuxième reprise Armand -> Adynaton
"ton rictus qui s'efface / Faseyant va le foc" - deuxième reprise Adynaton -> Armand
"au vent je me meus/ Meuh, meuh" - troisième reprise Armand -> Adynaton (I)
"va, tu m'amuses / Ma muse aimant les veaux" - troisième reprise Adynaton -> Armand (II)
"elle se nomme Io / Iotarcique est mon style" - quatrième reprise Armand -> Armand (III)
Sur sa troisième reprise: "voile au vent je me meus/ Meuh, meuh, quelle assonance", Armand paraît commettre une maladresse. Dans l'auberge, les spectateurs sont déchaînés. Adynaton sur sa troisième reprise, "bouffon, va, tu m'amuses", met les rieurs de son côté, et fait déjà le signe de la victoire.
Au fond de la case, Don Lope est est à la fois surpris et inquiet: il se doute de quelque-chose, mais quoi ? En réalité, la troisième reprise d'Armand, "je me meus" ( I) forme la première partie du piège qu'il vient de tendre à son adversaire. Adynaton, tout à sa victoire prochaine s'engouffre dans la brèche et dans ses répliques laisse Armand mener le duel vers le sujet qu'il a choisi, vaches, veaux: "Ma Muse aimant les veaux" (II). A la quatrième reprise d'Armand, "elle se nomme Io" (III), Adynaton a perdu, car la langue française ne comporte que très peu de mots commençant par cette syllabe, et encore moins, se prêtant à la poésie.
Reprenons la structure de cet échange, on l'a vu, en trois temps:
- (I) Engagement de l'adversaire ("je me meus"), qui attaque ("bouffon, va, tu m'amuses")
- (II) Esquive ("ma Muse aimant les veaux"),
- (III) Contrepied... ("elle se nomme Io").
La passe d'arme d'Armand est construite sur le modèle de la botte à la "Un Deux Trois" de don Lope (cela se voit très bien en observant le visage très étonné de celui-ci) !!
Iotarcique ou Iotacique ? Maintenant revenons sur la deuxième énigme contenue dans cette "rixme". Armand gagne la joute en amenant Adynaton à faire sa reprise sur un alexandrin devant commencer par "io"
- Ta déesse est génisse ?
- Elle se nomme Io !
Adynaton, est bloqué, comme un joueur d'échecs, car n'importe-quel dictionnaire de la langue francaise ne comporte que trois groupes de mots commencant par cette maudite diphtongue. Ce sont: ion, iode, et ioder, avec leurs dérivés. Comment débuter un alexandrin par une particule atomique, une province grecque ou un élément chimique? A la limite le chant tyrolien permettrait à Adynaton de s'en sortir, mais il est déséquilibré par le renversement de situation...
Le Littré de 1876 définit un iotacisme, du nom de la lettre "iota", comme l'abus de la voyelle "i" dans un texte ou une langue. C'était un defaut du grec ancien, parait-il.
Armand prend le tour de son adversaire ainsi:
- Iotarcique est mon style, ici je supplicie,
Piteuse au pilori l'orale impéritie
Treize "i" en vingt-quatre syllabes, difficile de faire mieux !!
Mais il y a plus fort. Otarcisme est une orthographe acceptée de autarcisme: "qui se suffit à lui-même". En plus de la superbe démonstration du iotacisme , on a donc un jeu de mots subtilement amené:
"iotarcique est mon style" signifie qu'Armand va se passer d'Adynaton pour terminer son poème, et qu'il va le faire au son des "i" répétés, tels un ricanement appuyé.
Citation : | Le Dictionnaire Emile Littré: Edition de 1876. Le dictionnaire du CNRS "Trésors de la Langue Française" - qui reprend le flambeau du Littré - (http://atilf.atilf.fr/tlfv3.htm) ignorait le mot iotacisme il y a encore un mois. La définition de ce mot vient juste d'y être ajoutée. Y aurait-il des fans de "De Cape et de Crocs" par là-bas ? |
Dernière édition par Francois le Mar 11 Avr 2006, 23:57; édité 6 fois |
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jarnicoton
Inscrit le: 21 Jan 2006 Messages: 3
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Posté le: Mar 11 Avr 2006, 23:27 Sujet du message: [Re:] La Rixme: Eurêka !! |
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Brillant ! |
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hsdcdb
Inscrit le: 25 Mar 2006 Messages: 56 Localisation: Martinique
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Posté le: Mer 12 Avr 2006, 16:41 Sujet du message: |
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Très fort. Bravo ! Vraiment. Menée avec brio,
C'est une explication dont le scénario
Egale les meilleurs. Devant cette science
Qui brille de clarté comme un pur Phaéton,
Choisit le mot précis comme le grand Platon,
Un mot : A quand la suite ? Avec impatience... _________________ Et que faudrait-il faire ? ( II,8 ) |
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Francois
Inscrit le: 11 Avr 2006 Messages: 6 Localisation: Sophia Antipolis
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Posté le: Jeu 13 Avr 2006, 10:41 Sujet du message: |
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hsdcdb a écrit: | Très fort. Bravo ! Vraiment. Menée avec brio,
C'est une explication dont le scénario
Egale les meilleurs. Devant cette science
Qui brille de clarté comme un pur Phaéton,
Choisit le mot précis comme le grand Platon,
Un mot : A quand la suite ? Avec impatience... |
En ce jour radieux, vous me verriez aux anges
De goûter avec vous ce concert de louanges
Làs ! Ces alexandrins ne feraient la fortune
et la satisfaction, que de Jean de la Lune !
Si justes soient vos mots, et tous vos épithètes
Qu'il convient comme il faut de goûter en esthète
Aussi, je vous propose de dédier notre prose
Nos prises et nos reprises, et nos concerts de roses
De tous ces compliments, à la face des Cieux
Les envoyer ensemble à la Gloire de Messieurs !! |
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Invité
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Posté le: Jeu 13 Avr 2006, 20:59 Sujet du message: |
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Francois a écrit: | hsdcdb a écrit: | Très fort. Bravo ! Vraiment. Menée avec brio,
C'est une explication dont le scénario
Egale les meilleurs. Devant cette science
Qui brille de clarté comme un pur Phaéton,
Choisit le mot précis comme le grand Platon,
Un mot : A quand la suite ? Avec impatience... |
En ce jour radieux, vous me verriez aux anges
De goûter avec vous ce concert de louanges
Làs ! Ces alexandrins ne feraient la fortune
et la satisfaction, que de Jean de la Lune !
Si justes soient vos mots, et tous vos épithètes
Qu'il convient comme il faut de goûter en esthète
Aussi, je vous propose de dédier notre prose
Nos prises et nos reprises, et nos concerts de roses
De tous ces compliments, à la face des Cieux
Les envoyer ensemble à la Gloire de Messieurs !! |
Si le vers vous sied mal, continuons en prose,
Mais ce style courant me semble si morose
Que je n'y trouve pas le mot juste et brillant
Pour applaudir celui dont le travail mérite
Mieux que le tout-venant, discours hétéroclite.
J'aime les vers légers au charme scintillant.
C'est avec grand plaisir que je suis votre route
Et dépose mes vers sous cette auguste voûte
A la gloire d'un monde où vivent des héros
Fabuleux et sans peur dont l'honneur tient l'épée ;
Où l'homme et l'animal vivent leur épopée
Sur ces planches d'un rêve... Ah ! De Cape et de crocs !
Et qu'entourent les arts
De Cape et de Crocs |
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Captain Boney Boone
Inscrit le: 14 Juin 2005 Messages: 87 Localisation: Une péniche remplie de mes moussaillons (Paris XIV)
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Posté le: Lun 15 Mai 2006, 22:13 Sujet du message: |
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Quelle joie de voir ici se tenir de brillants,
Talentueux, habiles, adroits et fins poètes,
Qui, non contents d'apprécier un art si grandiose,
Le pratiquent en experts avec maestria,
Et perpétuent ainsi ce savoir-faire, lequel
A trouvé un maître, un génie, virtuose, un
Géant dans l'art du pied et du ver. Ayroles. _________________ Quoi, mon perroquet ? Qu'est-ce qu'il a, mon perroquet ? |
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hsdcdb
Inscrit le: 25 Mar 2006 Messages: 56 Localisation: Martinique
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Posté le: Mar 16 Mai 2006, 00:41 Sujet du message: |
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Captain Boney Boone a écrit: | Quelle joie de voir ici se tenir de brillants,
Talentueux, habiles, adroits et fins poètes,
Qui, non contents d'apprécier un art si grandiose,
Le pratiquent en experts avec maestria,
Et perpétuent ainsi ce savoir-faire, lequel
A trouvé un maître, un génie, virtuose, un
Géant dans l'art du pied et du ver. Ayroles. |
Force est de reconnaître un habile rimeur
Dans ces vers savoureux à l'échange charmeur !
Le poète ancien qu'on appelle classique
N'a guère à lui répondre : il y trouve son gré :
S'inclinant humblement, le trisaïeul poudré
Laisse la place à ce nouveau mythologique.
Nous ne pouvons après l'hommage baptismal
Qu'honorer le retour de ce monde animal,
En son temps célébré par les belles paroles
De La Fontaine, dont le seul génial talent
Résonne en profondeur dans l'espace indolent.
Alors, pour conclure : Applaudissons Ayroles ! _________________ Et que faudrait-il faire ? ( II,8 ) |
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Moi
Inscrit le: 23 Juin 2006 Messages: 2
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Posté le: Ven 23 Juin 2006, 19:41 Sujet du message: |
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Oubliez-vous Masbou, excellent interprète ?
Des formes et des couleurs, il en est un grand maître
Sachant ravir nos yeux de son crayon magique
Si bien sublimé par son pinceau magnifique
Il sait mettre en lumière l’écrit du scénariste
Crions donc tous en cœur : Bravo aux deux artistes !
@+
Moi |
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Captain Boney Boone
Inscrit le: 14 Juin 2005 Messages: 87 Localisation: Une péniche remplie de mes moussaillons (Paris XIV)
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Posté le: Ven 30 Juin 2006, 00:55 Sujet du message: |
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Qu'est-ce que c'est affreux !
Comment ?! Plus personne ?!
Mais ?! Ces lecteurs preux,
Assidus, qui nous donne,
De belles tranches de rimes,
D'avis et d'opinions,
Où sont-ils ? Dans l'abîme ?
Vont-ils ressurgirent ? Prions ! _________________ Quoi, mon perroquet ? Qu'est-ce qu'il a, mon perroquet ? |
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jean sans lune
Inscrit le: 08 Juil 2006 Messages: 2 Localisation: mareuil sur lay (terre)
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Posté le: Sam 08 Juil 2006, 03:03 Sujet du message: exaucées!!!!!!! |
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mes rimes ne valant rien
j'avence prudement
vers le precieux ecrin
de ce forum de geant.
La poesie,sublime jeux,
que je n'aurai decouvert sans eux
et un art bien derisoire
mais Ô combien jubilatoire!
C'est pourquoi,je les remercie
et ajoute,tout petit,
dans la noirceure de la nuit
le plus grand de tout les MERCI! _________________ ce grand astre blanc que l'on appel lune
si je le veut ce ne sera pas pour des prunes!!!!!
moi |
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Eusebio
Inscrit le: 11 Sep 2006 Messages: 6 Localisation: Il suffit de baisser les yeux...
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Posté le: Lun 11 Sep 2006, 23:17 Sujet du message: |
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Ah! Si j'avais du temps, comme il me conviendrait
De pouvoir avec vous goûter à ce plaisir
De se croire un instant capable de sonnets,
Mais hélas ma plume est pressée de courir.
Elle n'est pas de celles à qui la promptitude
épargne allègrement la beauté de leurs pas.
Quand la mienne s'applique, elle laisse sa quiétude,
Avance puis recule et ça n'en finit pas.
Je dédie donc ces vers hésitants et triviaux
Aux plumes des parents des De Capes et de Crocs
Qui couchent en génie, dessin ou poésie. _________________ Eu... Eusèbe, Monseigneur. |
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